INTRODUCTION : à plusieurs reprises, suite à quelques ras-le-bol dans mes « relations clients », il m’est arrivé de publier des coups de gueule. Vous pouvez tous les retrouver dans la catégorie « billets d’humeurs » de ce blog.

Mon dernier coup de gueule en date concernait les clients qui demandent qu’on travaille sur leur site, mais ne veulent pas donner tous les accès à leur hébergement web (comme SSH…). Autrement nommés, des clients qui veulent vous faire bosser, mais ne veulent pas vous faire confiance. Suivez le lien si ça vous intéresse.

Comme à chaque fois, le coup de gueule a fortement fait le buzz auprès de la communauté des prestataires Web francophones (sur Twitter, principalement).

Face à un tel engagement pour tous ces coups de gueule « clients » (sans vouloir généraliser, il y a aussi de supers clients), j’ai compris que j’étais loin d’être le seul à devoir gérer une majorité d’hurluberlus (prospects problématiques), chaque semaine, au sein de mon agence Web.

Je vous propose donc ce nouvel article afin d’ouvrir un nouveau débat plus général et aussi plus sensible…

Sujet tabou : les prestataires Web ont du mal à se faire respecter et se faire payer décemment

Ceux qui me suivent savent que j’ai commencé l’année avec d’ambitieux objectifs. J’ai fait ce qu’il fallait pour augmenter le nombre de prises de contact avec mon agence Web (AdWords, prospection, nouveaux supports promotionnels, tout ça…).
Résultat : j’ai augmenté fortement la taille de mon échantillon d’analyse, ce qui me permet d’évaluer la qualité des prospects destinés à notre offre, c’est-à-dire, « la création de sites Web » et tout ce qui tourne autour. Et je peux vous dire que ce n’est pas joli-joli.

Voici ma conclusion de ces 7 mois d’observation :

Au milieu de l’année 2017, la majorité des contacts ne respectent toujours pas notre profession. Je dirais même que cela semble encore pire qu’avant !

Et pourtant, notre métier n’est pas à la portée de tous…

Pour pouvoir proposer ces services à nos clients, il nous a été nécessaire de faire des hautes études, ou des années de formation en tant qu’autodidactes ; apprendre des langages de programmation ; se former aux rudiments du Web ; aux CMS ; aux différents canaux de promotion en ligne et à des dizaines d’autres disciplines plus ou moins spécifiques.

Le merdier habituel

Beaucoup de prospects arrivent, sollicitent les professionnels (nous) et demandent des travaux de développement Web relativement complexes en ayant souvent des budgets inférieurs à 200€ !

Une fois les impôts payés à l’état, nous savons qu’il nous en restera la moitié dans notre poche. Et nos prospects le savent bien. Eux aussi subissent ces mêmes contraintes.

Le pire dans tout ça, c’est qu’ils arrivent à trouver des prestataires français prêts à accepter leurs missions. Sans difficulté.

Le marché de la prostitution du Web bat son plein, croyez-moi.

Je vois de plus en plus de jeunes prêts à se brader et se fléchir à des niveaux pitoyables, uniquement pour encaisser, enfin, un modeste paiement.

Anecdote amusante : j’ai récemment eu un prospect (un professionnel dûment enregistré) qui me disait avoir un budget (très précis) de 67€. Nous lui avons répondu qu’il devait nous indiquer son budget global et non son budget mensuel, mais… il nous a confirmé que c’était tout ce dont il disposait pour la création de son site commercial, incluant un espace membre, etc. Je vous passe les détails.

67 euros 😀

Autre anecdote, beaucoup moins amusante pour moi : j’ai un ancien camarade d’école qui m’a confié effectuer ponctuellement des déplacements de 4 heures de trajet pour travailler pour son client, sur place, au tarif de 50€ la journée, net d’impôts. Il regrette que ses frais de déplacement et son repas de midi ne soient pas pris en charge.
Le mec a suivi la même formation que moi, soit un BAC+3 de formations super intensives en développement multimédia, code & graphisme ! (…)

Faire des hautes études pour 50€ la journée !!!?? What the fuck ?

Franchement, apprendre cela m’a cassé les jambes.

Bref. On dirait bien que les temps sont durs pour les prestataires Web et je pense que se vendre au premier venu n’arrangera pas les choses. Loin de là !

Beaucoup de prospects, sous prétexte qu’ils ont quelques sous en poche, veulent tout, pour rien.

Tout travail mérite salaire, non ?

Même en délocalisé, ils facturent plus que vous !

Personnellement, j’ai déjà tenté de sous-traiter des développements en Inde, et je les ai rarement vus pratiquer des tarifs aussi indécents que certains de mes propres compatriotes. Faites l’essai sur les plateformes de freelances délocalisés. Vous verrez !

J’en viens à penser que nos frontières hébergent un véritable problème ! Le mot qui me vient à l’esprit en pensant à tout cela est « précarité ».

La précarité du numérique

Vraiment, c’est triste. Et les images de jolies startups parisiennes qui communiquent avec un sourire Colgate sur les réseaux sociaux ne représentent selon moi que la partie émergée d’une réalité qui semble bien différente. Et j’invite ceux qui pensent que je suis pessimiste à organiser un grand sondage auprès des freelances avant de me contredire 😉

En tant que freelances, on en chie, mais c’est tabou

Désolé, mais vos réactions et témoignages sont trop nombreux pour que je reste là, à ne rien dire. Car moi aussi, j’accuse le coup du mépris de nos clients potentiels.

Quelles solutions ?

Je ne sais pas trop quoi faire, à chaud, là comme ça…

Peut-être faudrait-il proposer un tableau de type « barèmes » afin d’officialiser une rémunération minimum pour chaque type de prestation de service numérique, comme cela se fait pour d’autres professions ? Par exemple, tout le monde sait qu’on ne se fait pas soigner une dent chez le dentiste pour 3€…

Je rédige cet article à chaud, en pleine nuit, donc je manque d’idée.

Je vous propose qu’on discute du problème tous ensemble :

Ouverture d’un Grand Débat !

  • Se faire respecter comme prestataire Web ?
  • Être rentable dans le numérique ?

Quelles solutions ?

J’ouvre les commentaires en dessous de cet article afin que nous ouvrions tous ensemble le débat pour répondre à cette question :

“ Comment obtenir le respect de notre profession ? ”

Nous sommes nombreux à être spécialisés dans le numérique. Peut-être trop nombreux ? Mais, sous prétexte que nous faisons un métier que nous aimons et qui nous passionne, devons-nous travailler pour une paie scandaleuse ?

Personnellement, j’ai fait mon choix et je préfère passer à côté de 50 missions, pour en relever une seule pour laquelle j’obtiendrais une rémunération adéquate.

Me concernant, je vis de façon relativement aisée ici, en Asie, mais uniquement parce que je suis délocalisé, avec une société offshore. Si je devais transférer mon chiffre d’affaires avec les impôts que nous subissons en Europe, je ne pourrais pas me permettre beaucoup de loisirs ou entreprendre de quelconques projets (fonder une famille, investir dans un bien immobilier…). Autrement dit, travailler pour rien. Je peux donc comprendre ceux qui sont tentés de se prostituer (façon de parler). Cependant, les spécificités du marché font que les clients tirent de plus en plus la couverture vers eux et terminent par ne même plus vouloir jeter quelques miettes à leur prestataire.

Ça me rappelle une dernière anecdote

Un prospect a contacté massivement les agences Web (dont la nôtre) pour la réalisation d’un site vitrine.

Budget : 500€ (jusque là, pourquoi pas ?)

Ce prospect a demandé à tous les professionnels de réaliser des maquettes de webdesigns « sur mesure » sur base de spécificités graphiques précises mentionnées dans un cahier des charges.

Vous savez combien de temps est nécessaire pour réaliser deux ou trois maquettes de webdesign (accueil, pages internes) !?

Eh ben ils ont reçu de nombreuses réponses favorables de webdesigners qui ont pris leur journée pour réaliser les maquettes demandées à joindre à leur devis… vous ne rêvez pas !

Tout cela pour un résultat maximum de 500€ et avec une faible chance d’être choisi parmi la masse de professionnels ayant été contactés.

Nous avons évidemment refusé de réaliser des maquettes gratuitement sur base de cet appel d’offres beaucoup trop léger et faible en potentiel.
Je livre cette dernière anecdote à votre réflexion et attends vos commentaires ci-dessous…

Et pour vous, ça se passe comment ?

Peut-être que vous êtes vous-même prestataire Web et avez trouvé la parade pour vivre sereinement de votre activité avec un roulement fluide et confortable ?

Si cela existe, partagez votre expérience avec nous ci-dessous. Dites-nous ce qui vous a permis d’en arriver là. Quel était votre trèfle à quatre feuilles ?

So…

Utilisez les boutons de réseaux sociaux et partagez massivement cet article afin que nous puissions obtenir un maximum de retours d’expérience des plus chanceux et ceux qui pourraient témoigner de leurs difficultés (comme je viens de le faire).

Merci !

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